Une commune sans discriminations

Anderlecht est une commune très diverse. Cette diversité est un atout majeur, pour autant que nous parvenions à offrir à tous et toutes des droits et des chances égaux, garantissant ainsi que la solidarité l’emporte sur la concurrence. Tout dépend de ce qu’on en fait. Il suffit de voir les Diables Rouges, qui sont devenus meilleurs en intégrant les Belges de toute origine avec un Jan, un Thibaut, un Marouane, un Kevin, un Romelu, tous ensemble pour les mêmes objectifs. La diversité est une grande richesse. Tous ensemble on est plus forts.Certaines forces politiques préfèrent diviser pour mieux régner. L’extrême droite sponsorise des vidéos de violences horribles pour propager l’idée que « migration = violence ». La droite dit aux Belges issus de la migration : « Si ça ne vous plaît pas, vous n’êtes pas obligé de rester en Belgique. » Lisez : « Si vous n’êtes pas contents, rentrez chez vous »... comme l’a dit Pierre-Yves Jeholet (MR) durant la campagne électorale. Quelle insulte.Il y a des acteurs économiques qui tirent profits de l’exclusion et la discrimination de certains groupes de travailleurs. Parce que ça les arrange que ces travailleurs n’aient pas d’autres choix que d’accepter des petits salaires, d’accepter des conditions de travail indignes ou des loyers trop élevés pour un appartement de mauvaise qualité. Dans la Région de Bruxelles-Capitale, deux tiers de la population est issue de l’immigration. La majorité des personnes issues de l’immigration sont arrivées à Bruxelles pour travailler. Mais il arrive encore trop souvent qu’ils soient considérés comme des travailleurs de seconde zone. Ces travailleurs issus de l'immigration, et leurs enfants et petits-enfants nés en Belgique, connaissent une double inégalité : comme fils d’ouvriers et comme fils d’immigrés. Il y a l’exploitation et l’inégalité sociale commune. Et puis ils subissent en plus la discrimination et inégalité des droits, la surreprésentation dans les emplois précaires, l’absence de possibilités de promotion... Ces travailleurs sont aussi souvent considérés comme des citoyens de seconde zone. Cela se passe sur le marché locatif, où pendant le confinement la discrimination envers les personnes avec un nom d’origine nord-africaine a atteint 36%. Cela se passe dans l’enseignement, où les écoliers d’origine nord-africaine ou subsaharienne sont dirigés régulièrement dans des filières techniques ou professionnelles. Ou encore dans l’espace public, où ils sont contrôlés plus souvent par la police. Le risque de vivre dans la pauvreté, d’être au chômage, de vivre dans un logement insalubre ou d’avoir un plus faible niveau de scolarité est beaucoup plus grand lorsque vous n’avez pas la « bonne » couleur de peau ou quand votre nom suggère une origine étrangère. Le racisme est une triste réalité. Et ces discriminations nous affaiblissent tous.Pour unir tous les travailleurs, nous devons éliminer la concurrence. Nous offrons suffisamment d’emplois, d’infrastructures et un enseignement à la mesure de tous les enfants, quelle que soit leur origine. Nous nous attaquons au racisme et à toutes les discriminations parce qu’il est inacceptable qu’une partie de la classe travailleuse ne bénéficie pas des mêmes droits. Nous nous attaquons au racisme, au sexisme et à l'homophobie parce qu’ils nous empêchent de combattre ensemble les véritables responsables de l’injustice et de l’inégalité. Nous voulons une société qui soit fière de sa diversité et dans laquelle les travailleurs de toutes origines réalisent à quel point la division et le racisme nuisent à leurs intérêts. On ne peut pas accepter qu’une partie importante de la population et des travailleurs n’aient pas les mêmes droits. Comme classe travailleuse, nous y gagnons tous à lutter contre cette inégalité.La commune a un rôle important à jouer pour accueillir et inclure l’ensemble de ses citoyens de manière égalitaire et digne.

Ce que nous voulons

Un. Une commune où tout le monde compte

  • Nous prenons des mesures sociales suffisantes (CPAS, logement social, emploi public, enseignement de qualité, maisons de jeunes, maisons médicales avec des soins gratuits, etc.) afin de stopper la concurrence entre les travailleurs.
  • Nous développons des projets capables d’en finir avec le décrochage scolaire pour que l’avenir de chaque jeune compte (remédiation, plus d’encadrement et de soutien dans les écoles… voir chapitre enseignement du programme).
  • Nous lançons des campagnes de sensibilisation qui renvoient une image positive de l’immigration. La communication officielle et celle dans l’espace public doivent refléter notre diversité dans sa réalité.
  • Nous « décolonisons » l’espace public et rendons justice à l’Histoire de l’immigration au sein des programmes scolaires.
  • Nous créons des maisons de quartier qui développent la rencontre autour de projets interculturels et réellement populaires. Nous y organisons des assemblées de quartier pour décider ensemble de projets. Nous renforçons les moyens en personnel de ces maisons de quartier. 
  • Nous développons dans les logements publics des projets interculturels et intergénérationnels.
  • Nous défendons une politique interculturelle active et égalitaire, avec des endroits adaptés prévus pour les différentes fêtes traditionnelles ou religieuses dans l’espace public.
  • Nous voulons organiser le dialogue entre toutes les communautés, nous voulons les impliquer au niveau organisationnel et nous appuyer un maximum sur les personnes qui bâtissent des ponts entre les cultures. 
  • Nous multiplions les activités pour les enfants et les jeunes dans l’espace public. Comme nous l’avons fait à Borgerhout, nous voulons former des jeunes responsables pour encadrer ces activités dans leur quartier et prévenir les conflits grâce au dialogue et à la confiance.
  • Nous continuons d’encourager un maximum la population à participer au débat démocratique. Notamment en encourageant les non-Belges ayant le droit de vote à s’inscrire en tant qu’électeurs pour les élections. La commune doit s’engager à œuvrer pour le droit de vote des étrangers aux élections régionales.

Deux. Une commune qui lutte activement contre toute forme de discrimination

  • Nous voulons lancer un vaste plan d’action communal contre toutes les discriminations, qu’elles soient racistes, sexistes ou homophobes, avec des objectifs concrets et une évaluation annuelle par des acteurs de la société civile. Ce plan sera mis en action par un service communal spécialement dédié à l’égalité et la diversité.
  • Nous voulons que la commune organise le « testing anti-discrimination », particulièrement sur le marché du logement et de l’emploi. Nous testons toutes les formes de discriminations, qu'elles soient sur base de sa couleur de peau, l’handicap ou son identité sexuelle. Si la commune ne peut pas sanctionner elle-même, elle doit porter plainte et systématiquement faire appel aux services régionaux compétents.
  • La commune doit utiliser les ressources et campagnes du monde associatif pour sensibiliser plus largement la population. Elle doit promouvoir l’acceptation de la diversité dans l’espace public. 
  • Les agents de quartiers, les gardiens de la paix et les éducateurs de rue doivent être formés pour réagir en cas de discrimination, d’insulte ou d’intimidation dans l’espace public, pour sensibiliser, mais aussi informer sur les sanctions auxquelles les auteurs s’exposent. 
  • Les victimes d’agression, de discrimination ou d’intimidation, doivent être accueillies, prises en charge et soutenues (psychologiquement si nécessaire). Nous prévoyons des places d’accueil et un accompagnement psychosocial pour femmes victimes de violence conjugale, jeunes et mineurs LGBTQI+ qui ont été mis à la porte de leur maison familiale.
  • Nous formons et sensibilisons le personnel communal pour pouvoir accueillir dignement les personnes dans toute leur diversité, quels que soient leur genre, leur origine, ou identité sexuelle. Le personnel communal administratif et d’accueil doit être formé à la nouvelle législation, notamment celle concernant les personnes transgenres. Une attention particulière doit être portée aux services de police pour que les victimes de discriminations ou violences soient accueillies dignement et soutenues. Cela vaut aussi dans les maisons médicales sur le territoire de la commune. 
  • Nous veillons à la mise en place effective du guichet communal anti-discrimination où les citoyens peuvent porter plainte et alerter les services communaux de l’égalité. La commune doit sensibiliser les victimes de discriminations à la nécessité de porter plainte. Les formalités administratives doivent être simplifiées et l’anonymat doit être garanti. Les maisons de quartier feront le relais dans le quartier vers ce guichet anti-discrimination.
  • Nous réalisons et appliquons un plan diversité pour nos services publics et administratifs. Nous voulons que le personnel communal et de police soit formé et sensibilisé de manière intensive au respect de la diversité et à l’interculturalité. 
  • Le personnel communal doit refléter la diversité de sa population. Nous décidons des objectifs contraignants pour garantir une meilleure représentativité, y compris pour des postes à responsabilités, et prenons des actions positives pour y arriver.
  • Nous introduisons des clauses anti-discriminations dans les subsides et marchés publics.
  • La communication écrite et visuelle de la commune doit être diversifiée et inclure tous les publics. Les démarches et les formulaires sont rendus inclusifs.
  • Nous mettons fin à des pratiques ou réglementations discriminatoires comme l’interdiction du port de signes religieux.
  • La commune participe activement à ECCAR, la coalition internationale des villes contre le racisme. Il s’agit d’une initiative créée par l’UNESCO afin d’échanger les bonnes expériences politiques de lutte contre le racisme et les discriminations.

Trois. Lutter contre le racisme structurel au sein des zones de polices

  • Nous mettons en place une politique de zéro-tolérance pour des faits avérés de racisme dans la police et de la part de la police. Nous mettons en place des sanctions sérieuses, efficaces et rapides envers ceux qui ne respectent pas les règles ni la loi. 
  • Stop au phénomène du profilage socio-ethnique. Les gens doivent être contrôlés s’ils font quelque chose de suspect et non pas sur base de leur apparence. Il est inacceptable qu’une partie de notre jeunesse subisse régulièrement des contrôles pour « délit de sale gueule ». Nous défendons l’obligation pour la police de fournir un récépissé de contrôle.
  • Nous devons protéger les policiers qui osent dénoncer les abus, harcèlements, comportements racistes envers des collègues et la population. Nous mettons en place une “ligne verte” pour protéger les lanceurs d’alerte. Il faut garantir qu’ils ne soient pas menacés, mutés, rétrogradés, etc.
  • Contre l’impunité, nous ouvrons une enquête externe en cas de problèmes graves. Nous soutenons la constitution d’un organe indépendant avec implication de la population qui contrôle la police.
  • Pour une police représentative, nous engagerons davantage de policiers qui connaissent bien les zones où ils travaillent. Nous diversifions la police afin qu’elle reflète la population bruxelloise, avec des objectifs chiffrés et des actions positives
  • Nous rendons obligatoire un cycle de formation continue pour sensibiliser sur la diversité, l’antiracisme et la lutte contre les discriminations.
  • Nous organisons des rencontres régulières entre les policiers et les jeunes, dans les zones où ces policiers patrouillent, et des visites guidées approfondies du quartier avec des gens du terrain.

Quatre. Apprendre à respecter les différences et agir contre le harcèlement

  • Respecter les différences de chacun, ça s’apprend. Comme les parents, nos enseignants ont un rôle à jouer pour que chaque enfant respecte les différences des autres et soit respecté. Chaque enfant a le droit de se sentir bien dans sa peau et en sécurité. Aucun enfant ne doit vivre l’exclusion ou le harcèlement à cause de ses origines, son identité sexuelle, ou parce qu’il n’a qu’une seule maman, ou deux papas.
  • Ne pas être accepté parce qu’on est différent peut impacter négativement le bien-être des élèves. Dans des cas lourds, le harcèlement a mené au suicide. Dans nos écoles nous apprenons à prendre soin les uns des autres. Nous éduquons à la tolérance. Nous créons des lieux sûrs où les élèves peuvent parler de leurs différences, relations et émotions, sans peur d’être jugé ou mal vu à cause des différences.
  • Les cours doivent être inclusifs et actualisés pour mieux refléter la réalité de la société et de la nature. Qu’il s’agisse des exemples donnés ou des énoncés d’exercices, mais aussi du contenu des cours scientifiques (ceux de biologie notamment).
  • Nous soutenons des projets d’élèves qui veulent sensibiliser contre toutes les formes de discrimination et violence, quelles soient racistes, sexistes, ou homophobes.

Vision

Dans notre commune, tout le monde doit se sentir comme chez soi, tout le monde doit être traité avec respect et égalité, et tout le monde doit bénéficier des mêmes droits. Peu importe notre origine, couleur de peau, peu importe qui on aime ou comment on aime, peu importe si on se sent homme ou femme : tout le monde a droit à un logement de qualité et abordable, à pouvoir se déplacer dans l’espace public en toute sécurité, à des aides sociales si nécessaire, et à un travail.
Nous voulons unir les travailleurs dans notre commune, quelle que soit leur origine, genre ou identité sexuelle. Nous refusons le « diviser pour régner » qui veut opposer les uns aux autres. 
À Bruxelles, 70 % de la population est d’origine étrangère. La super-diversité est une réalité. Mais pour que cette diversité puisse déployer toute sa richesse pour la société, nous devons offrir à chacun les mêmes droits et les mêmes chances. C’est aussi une question de principe, de justice et d’égalité. 
Cela vaut aussi pour les milliers de citoyens qui ne se reconnaissent pas dans le schéma traditionnel basé sur l’hétérosexualité ou l’identité de genre  qui a été donnée à la naissance. On désigne ce groupe par le sigle général LGBTQI+. Ces identités sexuelles ou de genre ne sont pas des choix. Chacun doit pouvoir se sentir bien avec son identité dans la société, c’est une condition pour vivre une vie épanouissante. Avec le PTB, nous voulons une commune où chacun puisse être libre de vivre pleinement ses identités, sans contrainte sociale, sans subir de discrimination ni de violence. 
De nombreuses avancées juridiques ont été obtenues ces dernières décennies, suite à un mouvement de lutte bien organisé. Mais il reste encore beaucoup de travail. Et puis dans les faits, les égalités juridiques obtenues ont beaucoup de mal à devenir effectives. 
La discrimination est encore trop souvent une réalité. Certains se voient refuser un emploi ou un logement sur base de leurs origines présumées ou leur identité sexuelle. La commune détient d’importantes clés pour améliorer le vivre-ensemble dans toute sa diversité, et pour garantir les droits et l’égalité de tous. Via ses politiques sociales, via l’éducation, via ses services publics et administratifs de proximité, via son logement social, via la vitalité de son monde associatif et son espace public. Avec le PTB, nous voulons que la commune prenne ses responsabilités et mène une vraie politique volontariste pour l’égalité dans toute sa diversité. 

Un. Une commune où tout le monde compte

Nous nous mobilisons ensemble pour que chacun ait ses droits respectés : un emploi digne, une école de qualité, avoir son mot à dire, vivre en sécurité, vivre sa culture en respect de nos différences.

Pour cela, nous avons besoin d’un encadrement social suffisant en termes d’emplois, de logements abordables (et sociaux), d’enseignement, de cours de langues pour adultes ou d’accès à la santé. Sinon, c’est la concurrence entre les gens qui s’installe. Quand il y a pénurie, il n’y en a pas pour tout le monde. C’est une concurrence qui sélectionne et qui divise plutôt que d’unir. C’est justement ce qui se passe lorsque les communes et les CPAS pratiquent l’austérité ou décident de limiter les services à la population afin de ne pas « trop attirer les pauvres ». Nous pensons qu’il faut renverser cette logique de pénurie pour investir davantage dans les réponses aux besoins de la population. C’est une condition nécessaire à l’égalité dans la diversité.

Nous voulons favoriser la rencontre entre tous. Nous devons investir dans des maisons de quartiers qui développent la culture populaire dans toute sa diversité. Nous avons besoin de lieux que les habitants puissent s’approprier, où ils participent à des projets de rencontres et d’échanges, notamment dans l’espace public, où des assemblées sont organisées pour décider ensemble de projets communs. La commune doit s’armer de travailleurs communautaires et sociaux ancrés dans la diversité et leurs quartiers. Comme à Borgerhout, où de jeunes animateurs encadrent les plaines de jeux pour que tout le monde s’y retrouve. Nous stimulons et soutenons des projets favorisant le vivre-ensemble, dans les quartiers, les logements sociaux, les homes, etc.
Notre commune doit embrasser sa diversité comme une richesse et une fierté. La communication officielle et celle dans l’espace public doivent refléter l’image des habitants les plus divers. Nous devons lancer des campagnes de sensibilisation et soutenir tout événement mettant en lumière notre diversité. Nous devons aussi « décoloniser » l’espace public et rendre justice à l’Histoire de l’immigration au sein des programmes scolaires notamment. C’est bien le sang des populations colonisées qui a été la source des richesses des grandes fortunes belges. La création d’une « Place Patrice Lumumba » à Bruxelles-Ville suite à un long combat n’a été qu’un début. Nous voulons poursuivre le débat autour de notre passé colonial, mais il faut aller plus loin dans nos communes : signaler les statues et noms de rue qui glorifient des personnages de la colonisation, ériger de nouvelles statues et baptiser des rues et des places publiques de noms tels que Patrice Lumumba, Nelson Mandela ou Mohammed Abdelkrim el Khattabi.
Ce sont les travailleurs d’origine immigrée que les entreprises et l’État ont fait venir, qui ont construit une bonne partie des infrastructures de notre pays, comme le métro bruxellois. Cette histoire de l’immigration est beaucoup trop méconnue. Nous voulons que la commune joue un rôle important pour mettre en avant notre histoire commune. Tout le monde a le droit de se sentir inclus dans les questions d’intérêt public prises en main par la collectivité. Et les préjugés et autres formes de racisme doivent être combattus. Dans une commune où tout le monde compte, tout le monde a quelque chose à dire et a droit à la parole. Nous voulons encourager massivement les habitants non belges à s’enregistrer en tant qu’électeurs pour les élections communales. En Région bruxelloise, seuls 13 % d’électeurs non belges sont inscrits. Face aux crises démocratiques, économiques et environnementales actuelles, nous pensons que la réponse doit passer par plus de participation démocratique. De très nombreux Bruxellois n’ayant pas le droit de vote aux élections régionales vivent, travaillent et élèvent leurs enfants depuis des années ici. Ils participent à la vie de leur quartier avec leurs voisins, paient des impôts. Plus de participation démocratique constitue aussi une manière de s’intégrer dans des aspects supplémentaires de la vie sociale. Nous voulons que la commune œuvre pour le droit de vote des étrangers aux élections régionales.

Deux. Une commune qui lutte activement contre toutes les discriminations

Chacun a droit à un emploi, une école de qualité, un logement. Pour ces raisons, nous nous opposons à toute forme de discrimination. 
Près de 4 Bruxellois et Bruxelloises sur 10 sont d’origine africaine, maghrébine ou moyen-orientale. Pour eux, obtenir un logement, une place dans une école de son choix ou un emploi, c’est trop souvent le parcours du combattant. Les inégalités à l’emploi sur base de l’origine présentent une dimension massive et structurelle selon Actiris. Le taux de chômage des personnes d’origine maghrébine et des afrodescendants est 3 à 4 fois plus élevé que celui sans racines dans la migration. Même avec des qualifications et un diplôme égal en poche. Nous ne pouvons continuer à accepter un tel phénomène social sans réagir. Si vous faites partie de ce groupe, votre enfant aura 1 chance sur 3 de grandir sous le seuil de pauvreté. Si votre nom est de consonance arabe, votre candidature pour un logement aura plus de 4 chances sur 10 d’être mise directement de côté. Il y a donc un aspect profondément systémique et social dans les discriminations que subissent beaucoup de Bruxellois et Bruxelloises. 
Les travailleurs d’origine étrangère gagnent 10 à 25 % de moins que les travailleurs d’origine belge. Il existe des formes de racisme larvé qui expliquent cette différence de traitement. Mais surtout la précarité d’une grande partie de la population immigrée pousse ces travailleurs à accepter des emplois difficiles, de mauvaises conditions de travail, de salaire et de sécurité. Ils sont en proie à une exploitation plus féroce encore que le reste de la population. C’est surtout visible dans les secteurs de la construction, de l’horeca ou de l’entretien. Avec la pénurie d’emplois, la concurrence et la pression au sein du marché du travail sont telles que le patronat peut plus facilement diminuer les salaires. Les discriminations jouent ainsi un rôle essentiel dans le système capitaliste : elles accroissent la concurrence entre les gens et permettent d’organiser du dumping afin de tirer vers le bas les salaires et les conditions de travail de l’ensemble de la population. 
Il faut s’attaquer aux causes profondes et agir à grande échelle. Il faut oser aller à l’encontre de l’idée libérale selon laquelle la situation des personnes serait en premier lieu déterminée par des questions de responsabilité individuelle. En parallèle de la lutte contre les discriminations, nous devons aussi lutter contre le racisme qui est un véritable fléau. On ne peut pas se permettre de se laisser diviser. On doit s’unir autour de la défense de nos intérêts communs et contre les politiques responsables des inégalités et injustices structurelles. 
Les responsables politiques traditionnels, plutôt que de prendre le taureau par les cornes, se contentent trop souvent de déclarations, de bonnes intentions et de mesurettes incitatives. Des labels ont été créés, des plans ont été communiqués et des incitants financiers ont même été distribués pour les entreprises dont la politique de recrutement « tiendrait compte de la diversité ». 
En 2017, une ordonnance régionale sanctionnant les discriminations a aussi été écrite suite à la pression de la société civile, et suite à une campagne du PTB après l’affaire « Samira-Cécile ». Jeune enseignante bruxelloise, Samira postule pour une offre d’emploi. Le directeur de l’école lui répond directement qu’il ne pourra pas la recevoir. Mais Samira décide de ne pas en rester là : le lendemain, elle envoie un autre CV, avec moins de qualifications et au nom de Cécile. Et là, surprise : « Cécile » reçoit une réponse immédiate et enthousiaste de la part du directeur, propositions de rendez-vous à la clé ! Ce que Samira a fait pour prouver les pratiques discriminatoires de l’employeur, cela s’appelle un « testing » : comparer la différence de réaction.
6 ans après que cette ordonnance ait rendu possibles des testings par l’inspection régionale, le bilan est dramatique puisque le gouvernement régional a organisé… 2 testings par an en moyenne sur le marché de l’emploi, et… zéro condamnation en 6 ans. Au niveau du marché locatif, des testings ont été effectués, mais aucun testing proactif, et aucune condamnation suite à des constats de discriminations. Force est de constater que toutes ces mesures n’ont pas été à la hauteur du problème. 
Le PTB n’a eu de cesse de maintenir la pression : il faut oser mettre en place les moyens financiers et humains suffisants, il faut oser pratiquer des testings proactifs, systématiques avec sanctions à la clé, sur les marchés du logement et du travail, mais aussi par rapport à l’accès aux services administratifs, éducatifs, de santé ou encore à l’entrée des cafés et boîtes de nuit. 
C’est pourquoi, à l'initiative du PTB, la commune d’Anderlecht s’est engagé à ouvrir un guichet anti-discrimination pour accompagner les victimes et à lancer des testings pour détecter les discriminations. Le PTB veillera à la mise en place de ce guichet dans un délai raisonnable.
Nous voulons une commune qui mobilise les associations œuvrant à l’insertion par le logement (AIPL) pour faire des testings, dans un cadre régional et avec des subventions régionales si possible, mais s’il faut, nous réaliserons des testings communaux, sur nos propres fonds. Nous voulons pouvoir sanctionner aussi cette poignée de propriétaires qui continuent à discriminer, malgré les avertissements.
Ce guichet pourrait être appuyé par les maisons de quartier pour relayer les demandes et signalisations du terrain. Car pour le moment, peu de gens arrivent à déposer leurs plaintes. Les démarches doivent être simplifiées. Une protection et l’anonymat doivent être garantis pour les victimes qui le demandent. Les victimes doivent être aidées plutôt qu’être abandonnées à leur sort, voire même parfois dissuadées. Un enregistrement rapide et efficace est crucial pour combattre les discriminations.
La commune doit montrer l’exemple et prendre ses responsabilités. Nous voulons aussi que le personnel représente la diversité qui existe au sein de la population. La commune doit commencer avec l’adoption et l’exécution d’un plan de diversité. Nos services publics doivent être représentatifs de la population. Aujourd’hui, force est de constater que cela n’est pas le cas dans tous nos services, et certainement si on prend en compte des niveaux de responsabilité. Nous voulons fixer des objectifs contraignants afin de rendre notre personnel plus représentatif, à tout niveau de responsabilité. Pour cela il est nécessaire de développer des actions positives, par un recrutement et une formation proactifs.
Nous conditionnons les marchés publics et les subsides à une politique de non-discrimination de la part des candidats (entreprises ou associations), en introduisant une clause de non-discrimination dans les règlements des marchés publics et des subsides.
Afin qu’il y ait une représentativité de la société dans son ensemble, nous supprimons les pratiques ou règlements discriminants, y compris l’interdiction de porter les signes religieux pour le personnel communal. Nous sommes pour la séparation de l’État et de l’Église. Les autorités et l’administration doivent traiter tous les citoyens de manière neutre et égale. Pas question d’accepter du prosélytisme dans les services. Mais il est évident que la droite – soufflant sur les peurs des gens – passe à côté du fait qu’en Flandre, dans plusieurs villes, des fonctionnaires portant le foulard font leur travail sans aucun souci. À Gand, à Malines par exemple (avec des libéraux au pouvoir), depuis la fin de l’interdiction, aucune plainte n’a été signalée contre ces fonctionnaires. 

Le PTB se bat contre toutes les formes de discriminations. Cela veut dire aussi les discriminations et violences envers les LGBTQI+. 
Les regards réprobateurs, les insultes et même les menaces envers les LGBTQI+, ça arrive dans l’espace public, mais aussi au sein de la famille ou sur le lieu de travail. Ça débouche parfois sur des agressions physiques et de la violence. Nous voulons une société où il est permis à tout un chacun d’être soi-même. Vivre en sécurité est un droit et il est inacceptable qu’actuellement des personnes LGBT+ en soient privées, en étant agressées physiquement lorsqu’elles se déplacent dans l’espace public. S’il est essentiel d’agir en amont et de changer les mentalités en profondeur, il faut aussi pouvoir soutenir les victimes, leur rendre justice et sanctionner les auteurs de délits de manière adéquate (en favorisant des sanctions « éducatives » plutôt que simplement punitives). Nous devons faire en sorte que tout le monde prenne conscience qu’il n’y a aucune place pour la discrimination dans notre société super-diverse.
Les victimes d’agression, de discrimination ou d’intimidation doivent être accueillies, prises en charge et soutenues psychologiquement. Elles doivent aussi être mises en contact avec les experts du monde  associatif. 
Trop souvent des jeunes LGBTQI+ sont mis à la porte de chez eux par leur famille. Ils et elles se retrouvent alors dans une situation de grande précarité sociale. Il est fondamental de pouvoir les accueillir pour leur offrir un toit, mais aussi une médiation et un accompagnement social et scolaire efficace. Il faut soutenir les « refuges » pour ces jeunes. Ils doivent pouvoir compter sur une aide du CPAS.
Mais actuellement, seule une infime minorité des victimes porte plainte, car cette démarche reste trop compliquée ou trop stigmatisante. La commune doit sensibiliser le public à la nécessité de porter plainte et elle doit tout mettre en œuvre pour faciliter le dépôt de plainte : via les antennes de quartiers, les agents de quartier, les stewards ou les commissariats locaux, dans les meilleures conditions possibles. 
Une attention particulière doit être portée à l’accueil par la police. Car encore trop souvent une victime qui va porter plainte pour une agression homophobe par exemple est traitée sans tact ni discrétion, des questions déplacées lui sont posées, et le caractère aggravant de son agression est sous-estimé, voire remis en question. 
La commune doit aussi former son personnel de terrain (stewards, éducateurs de rue, agents de quartier, policiers) à intervenir dans l’espace public, par le dialogue et la médiation, dès qu’un comportement homophobe a lieu. 
Le choix des mots, le tact et la communication inclusive (représentant la diversité dans tous ses aspects) sont très importants. Nous devons passer au crible l’ensemble des procédures administratives pour rendre les démarches et les formulaires plus inclusifs. Mais nous devons aussi rendre nos courriers, nos affiches, nos campagnes d’information et de sensibilisation totalement inclusives, pour refléter la diversité de la population de manière juste.

Trois. Lutter contre le racisme structurel au sein des zones de polices

Le métier de policier est exigeant et difficile. Nous avons besoin d’une police respectant la population et respectée par la population. Car nous sommes convaincus que sans les habitants, sans leur soutien, il n’est pas possible d’adresser les problèmes de sécurité. C’est pour cela qu’il est primordial de s’opposer aux actes racistes, aux insultes, ou discriminations de certains policiers qui sapent la confiance de la population dans la police. Ces actes racistes ou parfois de violences illégitimes par des policiers ne peuvent servir d’excuse pour faire preuve de violence envers les policiers. Mais il est clair que ces insultes ou violences illégitimes par certains policiers racistes noircissent le travail de leurs collègues qui veulent faire correctement leur boulot, et mettent parfois même en danger ces collègues.

En Région Bruxelloise, plusieurs incidents récurrents et mortels ont eu lieu suite à des interventions de la police, ou même en commissariat. A Anderlecht, nous avons connu le décès d’Adil pendant le confinement. À chaque incident mortel, on se pose des questions sur ce qui s’est vraiment passé, les proches revendiquent la justice et la vérité. Le sentiment d’injustice et d’impunité est grand, car peu de procédures judiciaires aboutissent. Des collectifs naissent et commencent à s’organiser (Justice pour Mehdi, Justice pour Sabrina et Ouassim, Justice pour Sourour…).
Nous formons les policiers sur l’usage correct de la force physique et les limites légales, et là où la loi est vague, nous donnons un cadre plus clair. Cela protège aussi les policiers dans l’exercice de leur métier.
Il y a aussi en amont, des tensions causées par la multiplication des contrôles de police liés à l’apparence physique. Une partie de notre jeunesse est soumise à un délit de faciès de la part d’autorités publiques dans les quartiers populaires comme l’ont prouvé des études d’Amnesty International, de la Ligue des droits humains ou de Médecins du monde. Le mouvement de jeunes du PTB, RedFox, a recueilli des dizaines de témoignages pendant l’été puis l’hiver 2020, en pleine période Covid où le phénomène était particulièrement marqué. Régulièrement, ces contrôles arbitraires se poursuivent par une fouille à nu, pratique particulièrement humiliante pour ces jeunes dont le seul tort est d’être noirs ou d’origine maghrébine. Nous interdisons le profilage ethnique et les contrôles discriminatoires sur notre territoire. Nous introduisons le récépissé de contrôle, sur lequel la raison du contrôle est stipulée. Nous voulons un corps de police représentatif de la population, et faisons des efforts proactifs pour engager des candidats policiers qui connaissent Bruxelles et notre commune. Nous créons une cellule de diversité au sein de la police, responsable pour un plan de diversité, avec des représentants syndicaux.

Comme PTB, nous voulons une police au service de la population. Il faut une réponse à la hauteur lors d’actes ou propos racistes par des policiers. C’est crucial pour protéger la population mais aussi pour protéger les nombreux policiers qui veulent bien faire leur travail et souffrent de cette défiance grandissante avec la population. Les forces de l’ordre représentent l’État, ont recours à la force, doivent être exemplaires et comme tout le monde soumises à des sanctions en cas de soucis.
Nous soutenons la constitution d’un organe indépendant, avec implication de la population, qui contrôle la police. C’est une première étape importante contre l’impunité et pour de meilleures relations entre citoyens et police. Avec une représentation des politiques, des avocats spécialisés en droits humains, des associations, des syndicats de police et de bénévoles de la population locale. C’est au sein de cet organe qu’on pourrait porter plainte, qu’on pourrait centraliser les preuves, etc. L’enjeu de la nomination d’office d’un juge d’instruction est crucial en cas de décès suite à une interaction avec la police si on veut espérer avoir une enquête sérieuse et indépendante.

Quatre. Apprendre à respecter les différences et agir contre le harcèlement

Respecter les différences de chacun, ça s’apprend. C’est une responsabilité des parents, mais nos enseignants et écoles ont aussi un rôle à jouer pour que chaque enfant respecte les différences des autres et soit respecté. Chaque enfant a le droit de se sentir bien dans sa peau et en sécurité. Aussi à l’école. En Belgique 15% des élèves ont déjà été victimes de harcèlement. Nos écoles ont donc une responsabilité d’agir contre le harcèlement, à la cour de récréation, mais aussi sur les réseaux sociaux. Nos jeunes ne sont pas à l’abri d’insultes, qu’elles soient racistes, homophobes ou visant le physique. Un élève sur cinq a été déjà confronté au racisme à l’école. La majorité de plaintes auprès d’Unia sont liées au racisme et à l’homophobie.  La Belgique obtient de très mauvais résultats en termes de bien-être mental chez les jeunes. En particulier chez les jeunes LGBT+. Le risque pour un jeune LGBT+ de faire une tentative de suicide est de 2 à 7 fois plus élevé que pour les autres jeunes. Environ 20 % des jeunes LGBT+ ont déjà fait une tentative de suicide. Aucun enfant doit vivre l’exclusion ou le harcèlement à cause de ses origines, son identité sexuelle, ou parce qu’il/elle n’a qu’une seule maman, ou deux papas. 
Dans nos écoles nous apprenons à prendre soin les uns des autres. Nous éduquons à la tolérance et à l’antiracisme. Nous créons des lieux sûrs où les élèves peuvent parler de leurs différences, relations et émotions, sans peur d’être jugé ou mal vu à cause des différences. 
Les cours doivent être inclusifs et actualisés pour mieux refléter la réalité et la diversité de la société et de la nature. Qu’il s’agisse des exemples donnés dans le cours d’histoire ou dans les cours scientifiques (ceux de biologie notamment).
Dans nos cours, on ne part pas d’une culture comme la seule norme, mais présentons et parlons de la contribution de toutes les cultures à l’humanité. Dans les moments prévus à l’éducation relationnelle et sexuelle, en fin de primaire et en secondaire, on ne se limite pas à la sexualité reproductive hétérosexuelle, mais on présente la diversité existante. 
Nous impliquons les parents dans ces démarches, pour assurer un lien de confiance et en expliquer les enjeux. Le but n’est pas d’imposer une quelconque norme (qu’elle soit culturelle ou sexuelle). Il faut y enseigner la tolérance, sensibiliser les jeunes à la réalité de la diversité et créer un climat d’ouverture, de respect et de discussion.
Nous soutenons des projets d’élèves qui veulent sensibiliser contre toutes les formes de discrimination et violence, quelles soient racistes, sexistes, ou homophobes. Des expériences pilotes en Flandre, aux Pays-Bas et dans beaucoup d’écoles aux États-Unis ont permis la création de tels cercles. Les jeunes luttent ainsi concrètement contre les discriminations. Ils créent un climat de tolérance crucial pour le bon développement de toutes et tous. De plus, ils développent leur sens de l’engagement collectif et de la responsabilité citoyenne. C’est un aspect essentiel pour le futur démocratique de notre société. Les écoles communales peuvent être pionnières de ces projets. Réaliser tous ces projets est un défi. Nous avons besoin d’un coordinateur communal pour aider les acteurs et actrices de l’éducation.