Une commune où les enfants réussissent à l’école
Comme les soins de santé ou le logement, l’enseignement est un droit fondamental, pas un privilège. C’est donc à la société de garantir un enseignement de qualité pour tout le monde. Ce n’est pas aux parents de stresser pour trouver des solutions pour leurs enfants. L’école doit être source de plaisir d’apprendre. Pas un ennemi pour les enfants et les parents. L’école doit être le lieu où chaque enfant a une place garantie, où il s’épanouira pour devenir l’adulte de demain.Nous devons changer l’école en profondeur. À commencer par la gratuité. Des bonnes écoles pour tous au coin de la rue. Des écoles où il fait bon vivre et apprendre. Des écoles « parents admis », où les parents et les élèves ont leur mot à dire. Des écoles qui aident les élèves à comprendre le monde pour mieux le transformer.
Ce que nous voulons
Un. Rendre l’école gratuite
- Nous voulons des repas chauds, sains et gratuits pour tous les enfants de l’école fondamentale. Nous commençons par la gratuité des repas chauds dans toutes les écoles maternelles communales et une soupe gratuite dans toutes les écoles primaires.
- Nous maintenons le kit scolaire gratuit dans l’enseignement obligatoire.
- Nous décidons de ne plus autoriser les écoles à demander aux parents l’achat de matériel informatique. Nous mettons en place l’équipement collectif des écoles afin d’assurer concrètement et gratuitement l’accès de chaque élève à du matériel de qualité. Ainsi chaque élève peut réaliser ses travaux avec le meilleur équipement et le meilleur accompagnement possible.
- Nous plafonnons les tarifs des activités extrascolaires (excursions, visites de musées, de fermes pédagogiques, sorties au cinéma) de sorte à ce qu’elles soient accessibles à tous. Si l’activité proposée dépasse ce plafond, la commune paie la différence.
- La commune doit offrir une garderie scolaire gratuite avant et après les cours.
- Nous refusons l’envoi de huissiers en cas de retard de paiement de frais scolaires. Nous mettons en place un accompagnement des parents concernés.
- Nous diminuons les frais de cours de natation dans le cadre scolaire
Deux. Une place pour chaque enfant et dans de bonnes conditions
- Nous voulons remplacer les classes-containers, soit-disant temporaires, par de vrais bâtiments de qualité.
- Nous aménageons des espaces verts et des espaces récréatifs sur les sites des écoles pour améliorer le bien-être des élèves.
- Nous voulons créer de nouvelles écoles pour faire face à la croissance démographique.
- Nous avons besoin d’une vision de long terme plutôt que des plans d’urgence sous-financés qui poussent les écoles existantes à avoir des classes surchargées d’élèves.
- La commune doit plaider pour qu’il y ait un plan ambitieux de construction et de rénovation des écoles au niveau de toute la région bruxelloise. Pas via des appels à projets, mais un plan contraignant pour toute la Région.
Trois. Faire réussir les jeunes grâce à des classes plus petites et à plus d’encadrement
- Nous voulons augmenter l’effectif des équipes pédagogiques et éducatives afin de mieux encadrer les élèves. Avec des enseignants, mais aussi des logopèdes. Il faut remédier, de manière ciblée, aux difficultés des élèves dès qu’elles se présentent.
- Nous voulons des classes plus petites, surtout au début de la scolarité, car il est primordial de remédier à temps aux difficultés des jeunes : 15 élèves par classe pendant la maternelle et les 2 premières années du primaire, 20 élèves par classe ensuite.
- Nous élargissons le « pool » d’enseignants remplaçants que nous avons obtenu au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles. C’est une mesure qui permettra d’éviter que les élèves perdent de nombreuses heures de cours. Et cela garantira une sécurité d’emploi avec une année complète de salaire pour les professeurs remplaçants qui n’ont pas encore de place fixe ni d’horaire complet.
- Nous investissons dans du matériel moderne et basé sur les nouvelles technologies dans toutes les classes.
Quatre. Investir dans le bilinguisme
- Nous investissons dans l’apprentissage du français et du néerlandais dans les premières années de maternelle et primaire.
- Nous offrons des activités extrascolaires en français et/ou en néerlandais dans chaque école.
- Nous voulons généraliser l’immersion linguistique dans les écoles bruxelloises. La commune doit montrer l’exemple. Elle peut par exemple organiser l’échange de professeurs entre écoles francophones et néerlandophones.
- Nous préconisons la méthode EMILE : dès la 3e maternelle, les enfants suivent certains cours généraux dans l’autre langue, en plus des cours de langue étrangère qui continuent à être donnés de manière classique. Le nombre d’heures données en immersion augmente progressivement jusqu’à la fin du cursus.
- Nous garantissons une place dans les classes-passerelles à tous les enfants de familles primo-arrivantes.
Cinq. Garantir une place à chaque enfant, dans une école proche du domicile
- Nous voulons mettre en place un système d’inscription qui garantisse à chaque jeune, dès la 1re primaire, une place dans une école à proximité du domicile, un système qui garantit aussi la mixité sociale dans toutes les écoles. Des chercheurs ont montré qu’un tel système est tout à fait possible : les distances des trajets diminueraient de 30 % en moyenne et les sans mixité disparaîtraient.
- Nous voulons que la commune applique ce système dès demain. Les critères d’attribution des écoles doivent être objectifs et transparents.
- Nous voulons une école inclusive et qui se donne les moyens. Il faut engager des "assistant·es de vie scolaire" qui permettront d'intégrer et de faire réussir les enfants à besoin spécifiques plutôt que de les orienter inadéquatement vers l’enseignement spécialisé. Pour les enfants porteurs de handicaps lourds, les moyens de l’enseignement spécialisé seront renforcés et l’intégration sera privilégiée.
Six. Élargir l’école, l’ouvrir sur le quartier et les familles
- Nous voulons que les bâtiments des écoles communales restent ouverts lorsqu’il n’y a pas cours : pour des activités culturelles et sportives en soirée, et le week-end. Nous utiliserons aussi les écoles comme salles d’études pour les élèves. Nous voulons une école ouverte sur le quartier.
- Nous voulons que les écoles aient les moyens d’offrir une médiation entre les familles et l’équipe éducative pour prévenir conflits et incompréhensions.
- Nous voulons que le personnel éducatif soit formé et ait le temps de travailler à l’inclusion d’un public socialement et culturellement divers.
- Nous voulons que les écoles aient les moyens d’utiliser des plateformes en ligne pour améliorer la communication avec les familles et améliorer le suivi des élèves tout en garantissant une communication accessible à tous.
- Nous voulons que les parents participent dans les projets éducatifs et qu’ils soient inclus dans le processus consultatif et décisionnel de l’école. Nous voulons que la commune aide à la création de comités de parents dans les écoles.
- Nous voulons une école représentative de sa population: nous supprimons des règlements d’ordre intérieur les mesures discriminatoires et sexistes sur l’apparence physique et les tenues vestimentaires.
Sept. Donner à l’école la mission d’œuvrer pour l’intérêt général et pour une société réellement démocratique
- L’objectif principal de l’école ne doit plus être de former la main-d’œuvre adaptée aux seules exigences du monde patronal. De même, l’entreprise n’a pas sa place à l’école.
- Dans l’enseignement secondaire, nous travaillons essentiellement avec du matériel informatique open source: gratuit et public.
- Nous stimulons la participation des jeunes dans la vie de leur quartier et de la société par des projets citoyens.
- Nous voulons des écoles qui favorisent l’organisation par les élèves de « cercles engagés ». Des écoles où les jeunes apprennent à prendre part aux décisions. Des écoles qui ont les moyens de mener des projets citoyens et sensibilisent largement autour des enjeux sociétaux.
Vision
Un. Rendre l’école gratuite
Au cours des dernières années, suite au blocage des salaires, les inondations, la pandémie, la guerre en Ukraine, les travailleurs et leurs familles ont dû faire face à des augmentations de prix sans précédent dans tous les domaines : énergie, carburants, alimentation, logement... Selon une étude de la Ligue des familles en octobre 2022, un tiers des Bruxellois vivent avec un revenu inférieur au seuil de pauvreté. Un enfant sur quatre est en risque de pauvreté. De plus en plus de parents ne savent plus payer les frais scolaires ou le repas chaud à midi.
C’est pourquoi il est plus que jamais nécessaire de rendre l’école réellement gratuite. La gratuité doit comprendre le matériel de cours, les différentes activités, les garderies avant/après les heures de classe et pendant le temps de midi.
Nous commençons par rendre l’enseignement maternel entièrement gratuit avant d’étendre cette gratuité aux autres niveaux d’enseignement (primaire puis secondaire). Dans le primaire et le secondaire, nous instaurons un kit de rentrée pour tous les élèves. Ils reçoivent ainsi gratuitement le matériel de base dont ils ont besoin pour les cours.
La « taxe tartines », que les parents doivent payer pour que les enfants puissent s’asseoir à la cantine pour manger leurs tartines apportées de la maison, concerne 85 % des écoles en Région bruxelloise. Nous la supprimons partout.
En 2014, le Parti socialiste promettait des repas chauds gratuits pour tous les enfants. Neuf ans et de multiples appels à projets plus tard, ce n'est toujours pas une réalité pour tous. En 2023, 28 000 élèves sur les 900 000 que compte la Communauté française y ont accès. Cela représente à peine 3% des élèves. Mais des études montrent qu'une famille sur quatre peine à nourrir ses enfants. Une famille sur cinq renonce au repas chaud disponible au sein de l’école à cause de son prix. On parle d’enfants de tous les âges qui arrivent à l’école le ventre vide. La gratuité des repas scolaires est possible. Cela se fait en France et dans les pays baltes. C’est une question de volonté politique.
En ce qui concerne le matériel informatique de plus en plus présent dans la vie des enfants, l’étude réalisée par la Ligue des familles en 2022 montre que pour la moitié des élèves de secondaire, l’école demande la possession d’un ordinateur pour suivre les cours contre 13% en primaire. Ce matériel informatique coûte en moyenne 230 € en primaire et jusqu’à 300 voire 400 € en secondaire. Fin 2020, les députés PS-MR-Ecolo de la Fédération Wallonie-Bruxelles ont autorisé les écoles à demander un équipement informatique payant aux élèves, ce qui était jusque-là interdit.
Nous décidons de ne plus autoriser les écoles à demander aux parents l’achat de matériel informatique. Nous mettons en place l’équipement collectif des écoles afin d’assurer concrètement et gratuitement l’accès de chaque élève à du matériel de qualité. Ainsi chaque élève peut réaliser ses travaux en classe avec le meilleur équipement et le meilleur accompagnement possible.
Deux. Une place pour chaque enfant et dans de bonnes conditions
Trouver une place dans une école est un véritable parcours du combattant à Bruxelles. Car les écoles sont saturées depuis des années. En 2022, il manquait par exemple 716 places dans le secondaire bruxellois. Le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles lance chaque année un « appel à projets » pour voir si certaines communes ou certains réseaux veulent bien créer des places. Certains y répondent volontiers, mais les moyens sont trop limités. Surtout, la Fédération Wallonie-Bruxelles doit développer un plan et, en concertation avec les communes, décider des écoles à créer. Il ne faut pas attendre qu’une commune ou une ASBL lance un projet.
En réalité, plutôt que de créer de nouvelles écoles publiques et de qualité pour répondre aux besoins, le nombre d’élèves dans les écoles existantes augmente. Des locaux sont coupés en deux et les espaces communs sont rognés comme les cours de récréation ou les bibliothèques. Résultat : plus assez de places pour les élèves à la cantine, plus assez de laboratoires ou de salles de sport, plus assez de toilettes. Et trop souvent dans les faits, le nombre d’élèves par classe explose. Les conséquences sont dramatiques pour la sécurité et le bien-être des élèves. Mais aussi pour la qualité de l’enseignement qui devient de plus en plus inégalitaire.
Pour le PTB, il est grand temps d’avoir une politique de long terme. Nous devons d’abord créer suffisamment d’écoles pour faire face à la croissance démographique. Il est tout à fait possible de construire, de rénover et de réhabiliter les nombreux bâtiments et bureaux vides dans la région. Le ministre Frédéric Daerden (PS) a bien annoncé un milliard d'investissement pour rénover les bâtiments scolaires, mais il en faudrait huit ou neuf pour tout remettre en état. Nous investissons les moyens nécessaires pour rénover toutes les écoles de la Région bruxelloise dans les délais les plus courts afin de garantir les meilleures conditions d'apprentissage.
Ensuite nous devrons réparer les dégâts provoqués par des années de politiques irresponsables de surpopulation des écoles. Aujourd’hui, les pouvoirs communaux n’ont clairement pas cette ambition. Trop souvent, des projets de construction d’écoles sont abandonnés, pour plaire aux promoteurs immobiliers. Pour eux, construire du logement, et surtout du logement de luxe, est bien sûr plus lucratif. Avec le PTB, nous voulons un plan ambitieux de construction de nouvelles écoles.
Trois. Faire réussir tous les jeunes grâce à des classes plus petites et à plus d’encadrement
Nous voulons sortir de la « culture de l’échec » pour développer une « école de la réussite ». Nous prenons exemple sur la Finlande, où tous les enseignants ont été formés à repérer les difficultés d’apprentissage et à y remédier en classe. Quand la tâche est trop importante ou spécifique, ils peuvent faire appel à un professionnel de la remédiation. Dans la plupart des cas, celui-ci vient en classe et accompagne l’élève dans l’activité qui est en cours. Aujourd’hui, la remédiation est prise en main trop tard et souvent externalisée avec des écoles de devoirs, payantes ou non. Les moyens manquent pour lutter contre le décrochage scolaire grandissant. C’est pourquoi nous renforçons le personnel des centres PMS.
Il faut aussi réduire le nombre d’élèves par classe. L’étude américaine STAR a comparé les résultats de deux types d’élèves : des élèves entre 6 et 10 ans qui étaient au nombre de 13 à 15 en classe, et des élèves du même âge qui étaient au nombre de 22 à 25 en classe. Résultat : les jeunes issus des petites classes ont fini avec plus de 1 an d’avance en termes d’acquis d’apprentissage et ont obtenu de bien meilleurs résultats dans l’enseignement supérieur. C’est surtout les résultats des jeunes issus des familles défavorisées qui ont considérablement été améliorés dans les petites classes. Le PTB veut limiter le nombre d’élèves par classe au nombre de 15 environ en maternelle et pendant les deux premières années du primaire, et au nombre de 20 pendant les années suivantes.
Dans certains pays qui ont fait des choix ambitieux pour l’enseignement, on parvient même à intégrer au sein des classes communes des élèves qui sont considérés ici comme handicapés et qui sont envoyés directement dans le spécialisé… Un enseignement émancipateur et inclusif est possible et ouvre des perspectives incroyables.
Ces mesures requièrent plus d’enseignants. Or, les conditions actuelles sont tellement pénibles que près de la moitié des professeurs changent de métier durant les 5 premières années. Un énorme gâchis… Principalement à cause du manque de soutien et de la précarité de leur statut. Nous voulons élargir le « pool » de remplacement que nous avons obtenu au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Les enseignants du « pool » de remplacement sont engagés pendant 12 mois afin de remplacer des collègues malades dans une certaine région. Entre deux remplacements, ils effectuent des tâches pédagogiques dans une école (enseignant auxiliaire, rattrapage…). Le remplacement rapide des enseignants malades réduira considérablement le nombre d’heures de cours perdues. Aujourd’hui, des élèves prennent parfois du retard parce que certaines matières ne sont pas enseignées pendant un temps assez long.
Quatre. Investir dans le bilinguisme
À Bruxelles, région officiellement bilingue, la maîtrise du français et du néerlandais est très souvent un critère de sélection pour trouver un emploi. Être bilingue, surtout quand on manque de qualification, est un réel atout. Mais selon le baromètre linguistique de la VUB de 2018, seuls 8 % des jeunes de moins de 30 ans ayant fréquenté une école francophone de la Région bruxelloise considèrent maîtriser le néerlandais Alors qu’une offre d’emploi sur deux demande de maîtriser le français et le néerlandais à Bruxelles. Poser les jalons d’une région vraiment bilingue par l’enseignement, c’est tout à fait faisable, comme le montrent les exemples dans d’autres pays (Luxembourg, Espagne, Canada, etc.). C’est un choix politique pour l’unité et la multiculturalité. Mais les responsables politiques n’ont rien mis en place, malgré les grandes déclarations de ministres comme Rudi Vervoort (PS) ou Caroline Désir (PS). Seule une poignée d’écoles proposent un enseignement en immersion à Bruxelles : 22 écoles primaires et maternelles, contre près de 200 en Wallonie. Des classes d’immersion ne peuvent pas devenir des projets de prestige, ou destinées à se « démarquer » sur un « marché scolaire » : elles doivent être généralisées.
Nous avons mobilisé largement et mené d’importantes campagnes sur le terrain pour qu’un enseignement bilingue, par immersion, soit généralisé. C’est d’ailleurs une préoccupation prioritaire pour les parents, comme le dévoilent nos enquêtes et les demandes d’inscription. De plus, les études montrent que le bilinguisme chez les jeunes améliore les capacités intellectuelles dans les autres domaines.
Mais le bilinguisme de la population, c’est aussi le meilleur rempart contre cette espèce « d’apartheid linguistique » institutionnalisé à Bruxelles, au niveau de la culture, du sport, de la jeunesse, de l’emploi, de l’éducation… C’est un ingrédient de l’unité entre les différentes populations linguistiques du pays, un pays que la classe dirigeante et politique, N-VA et Vlaams Belang en tête, fait tout pour diviser sur une base communautaire, afin de détourner l’attention de la population des vrais enjeux qui se cachent derrière les politiques d’austérité et de régionalisation. Se parler, se comprendre, partager et échanger nous permettent de prendre conscience de tout ce qui nous unit.
Les enfants bruxellois grandissent dans un contexte multilingue. À 12 ans, souvent ils comprennent deux voire trois langues. À Bruxelles, capitale internationale, le multilinguisme est un atout, pour les relations internationales, pour le commerce, pour la solidarité internationale. Plusieurs experts l’ont démontré : la langue maternelle n'est pas un ennemi ; au contraire, le respect de cette langue améliore les apprentissages. Un regard ouvert, accueillant et valorisant sur un enfant, sur sa famille, et sur sa culture, va lui permettre de se sentir en confiance et de communiquer plus facilement, ce qui aura pour effet de faciliter l'apprentissage linguistique et social.
Bruxelles est aussi une ville d’accueil. Des enfants venant avec leur famille des quatre coins du monde sont accueillis dans nos écoles. Il est important de garantir une place dans les classes-passerelles à tous les enfants de familles primo-arrivantes. Toutes les études montrent qu’il est crucial d’investir plus dans l’apprentissage du français et du néerlandais dans les premières années de maternelle et primaire.
Cinq. Garantir une place à chaque enfant, dans une école de qualité proche du domicile
Les parents doivent se battre pour trouver une « bonne » école pour leur enfant. Ils sont mis en concurrence alors qu’ils veulent simplement garantir un maximum de chances pour leur enfant. Car avec tous les réseaux et les options, l’enseignement est organisé comme un grand marché. A Bruxelles encore plus que partout ailleurs, les mécanismes de l’offre et de la demande produisent des écoles où règne un « entre-soi social » encore plus grand que celui du quartier. D’un côté, il y a les écoles très demandées : le niveau d’enseignement y est élevé, les exigences sont grandes et sont calquées sur le modèle de l’université. Ce sont les familles les mieux outillées au départ qui auront le plus de chance d’arriver à y inscrire leurs enfants, et surtout à les y maintenir. De l’autre côté, il y a les écoles de « mauvaise réputation » où le niveau d’enseignement est plus bas, où les problèmes de disciplines sont fréquents et qui accueillent un public plus défavorisé.
Pour poser les bases de la réussite et du vivre-ensemble, il faut en finir avec la ségrégation sociale opérée par le marché. Il faut organiser la mixité. Les études sur les différents systèmes d’enseignement le montrent : plus les écoles et les classes sont mixtes, meilleurs sont les résultats, pour tous les publics. Les responsables politiques ont d’ailleurs reconnu cette nécessité dans le fameux « décret inscription ». Mais ils ont refusé d’aller jusqu’au bout des réformes et de s’attaquer réellement au marché scolaire. Le décret actuel est illisible pour beaucoup de parents. Il n’intervient qu’après que les demandes d’inscription ont dépassé l’offre d’un établissement. Et il ne concerne que les inscriptions en première secondaire (alors que les inégalités se sont déjà creusées en primaire). À la place de ce système totalement inefficace, compliqué et stressant, nous voulons mettre en œuvre un système qui garantit à chaque élève une place dès la première primaire. Un système qui minimise la distance entre le domicile et l’école, tout en assurant une répartition socio-économique similaire dans chaque établissement. Les parents auraient le choix de refuser la place garantie qui leur est proposée et devraient alors trouver eux-mêmes une autre école. Les chercheurs de l’APED et du GIRSEF ont démontré qu’un tel système est tout à fait réaliste : la longueur moyenne des trajets diminuerait de 30 % et les établissements non mixtes disparaîtraient ! Finis le stress, l’incertitude de la rentrée et la loterie de l’avenir des enfants. Finies aussi les traversées métro-tram-bus ou en voiture éprouvantes en heure de pointe.
Six. Élargir l’école, l’ouvrir sur le quartier et les familles
« Il faut tout un village pour élever un enfant » : le concept d’« école élargie » s’inscrit très bien dans le cadre de ce proverbe africain. Une école élargie est enracinée dans le quartier et le quartier est enraciné dans l’école. Autour de l’école se développe toute une vie sociale, dès le moment où les enfants franchissent la porte d’entrée jusqu’au moment où l’un des parents, le soir, vient participer à une activité culturelle ou sportive. Nous voulons des écoles à taille humaine, qui sont ouvertes sur leur quartier, qui participent au tissu associatif local, où les jeunes, les parents et les voisins prennent part aux décisions et aux projets, où ils sont accueillis aussi en dehors des temps d’apprentissage scolaire.
Les familles ont tout à fait leur place dans les projets scolaires. Créons les bonnes conditions pour qu’à l’école, les jeunes se sentent comme chez eux. Mais la participation réelle des parents, dans leur diversité, est un défi à relever. Trop souvent on se borne à organiser 3 réunions de parents annuelles, des réunions austères et formelles qui n’encouragent pas l’accueil et la collaboration de tous les publics. Il existe également un « conseil de participation » qui se réunit 2 fois par an et où siègent des « représentants des parents ». Dans beaucoup d’écoles, des parents s’organisent déjà en associations pour mener à bien toutes sortes de projets très positifs. Mais trop souvent, la voix des parents n’est pas suffisamment prise en considération. Nous pensons que plus de moyens et de priorités doivent être donnés à la démocratie à l’école et au partenariat entre parents, éducateurs et enseignants. Une des réponses à l’épidémie d’échecs et de décrochages scolaires doit être une école plus inclusive, plus ouverte et plus participative.
Nous avons tous intérêt à ce que les parents et les écoles travaillent main dans la main pour l’éducation des jeunes. Mais souvent les parents ne se sentent pas inclus, malgré les efforts fournis par les équipes pédagogiques. La langue de l’école et tous ses codes ne sont pas toujours ceux des familles. Surtout pour les familles défavorisées ou d’origine immigrée. Cela peut mener à des incompréhensions, voire à des tensions. Il arrive aussi qu’il y ait conflit et mépris. Nous voulons que les écoles aient les moyens d’offrir des médiateurs entre les différents acteurs. Nous voulons aussi que le personnel éducatif soit formé à l’inclusion d’un public socialement et culturellement divers.
Nous devons aussi développer des moyens de communication plus modernes et adaptés. Par exemple, beaucoup d’écoles néerlandophones ont mis en place des applications en ligne qui permettent de transmettre directement aux parents les notes, remarques et informations concernant leurs enfants. Ce genre d’expériences produit des résultats très positifs en termes de communication et de suivi. Pour le PTB, il faut donner aux écoles les moyens de généraliser ces systèmes.
Finalement, nous supprimons des règlements d’ordre intérieur toute mesure discriminatoire et sexiste qui porte sur l’apparence physique et la tenue vestimentaire. L’école doit être le reflet de sa population: chacun se rend à l’école comme il est, dans le respect de l’autre.
Sept. Donner à l’école la mission d’œuvrer pour l’intérêt général et pour une société réellement démocratique
Nous devons également résister aux pressions continuelles du monde patronal qui entend façonner l’enseignement sur base de ses propres intérêts. L’intérêt du patronat n’est pas de former des citoyens critiques et conscients des enjeux sociaux. Son intérêt est de disposer d’une main-d’œuvre docile et adaptée. Il profite d’une situation de chômage de masse pour essayer de faire payer à la collectivité les coûts de la formation professionnelle qui devraient normalement lui incomber. C’est pour répondre aux demandes du patronat que le monde politique traditionnel déploie tant d’efforts pour organiser « l’enseignement en alternance » ou pour promouvoir les « stages en entreprise » dans de nombreuses filières qualifiantes, voire même générales. Le fameux « pacte d’excellence » assume totalement la volonté politique de remodeler l’enseignement en fonction des besoins actualisés du monde de l’entreprise. Dans une situation où on ne crée pas d’emplois pour tout le monde, la politique de la course à la formation professionnelle imposée par les pouvoirs publics a surtout pour effet d’augmenter la concurrence entre tous les travailleurs, au seul bénéfice des entreprises qui peuvent se montrer toujours plus exigeantes, tout en baissant les salaires. La Commission européenne et l’OCDE poussent d’ailleurs dans la même direction : « il faut apprendre aux jeunes des compétences directement applicables dans le monde de l’entreprise », « il faut former une main-d’œuvre adaptable », « les programmes scolaires ne doivent pas être conçus comme si tout le monde devait aller jusqu’au bout », et « l’enseignement apporte une formation bien trop importante pour 40 à 50 % de ceux qui en bénéficient ».
Pour nous, les jeunes ne sont pas seulement de la main d’œuvre en croissance ! Ils sont avant tout l’avenir d’une société qu’on veut démocratique. C’est pourquoi ils ont besoin d’une solide formation tant générale que manuelle, qui développe l’esprit critique et le sens de la citoyenneté, sans distinction d’origine sociale. Nous avons besoin d’un enseignement pour la tête, les mains et le cœur. Un enseignement basé sur la coopération, la solidarité et l’internationalisme, qui engage les jeunes dans les enjeux sociétaux et les rend actifs à travers leurs apprentissages. Des écoles qui éveillent les jeunes à la santé, aux sports, à la culture, au débat démocratique, à travers des projets citoyens qui sensibilisent largement. Des écoles par exemple qui favorisent l’organisation par les élèves de « cercles engagés ». Des écoles où les jeunes apprennent à prendre part aux décisions. Nous voulons aussi encourager les jeunes à participer à un Service Étude, tel qu’initié par l’association SOS Jeunes - Quartier Libre. Le Service Étude leur donne l’occasion d’effectuer quelques heures de bénévolat pour développer leur sens citoyen et de l’engagement tout en apprenant sur la réalité sociale qui les entoure.
Notre projet est très ambitieux. Beaucoup des problèmes actuels peuvent se résoudre en changeant la manière d’organiser l’enseignement. Mais l’école dont nous avons besoin pour répondre à nos défis collectifs demande un réel investissement structurel. Nous devons nous battre pour rompre avec un système qui depuis les années 80 a désinvesti la part du PIB dans l’enseignement. Un système qui, plutôt que de redistribuer les richesses que nous produisons tous, les concentre dans les mains d’une minorité et nous empêche de répondre à nos besoins d’intérêt général. Dans la société capitaliste, l’école restera toujours une école qui fonctionne pour les plus riches, et qui ne fonctionne pas pour les travailleurs. Mais grâce à l’école pour laquelle nous voulons nous battre, nous pouvons aussi mettre en place les conditions pour notre émancipation.